Traitement et prévention du paludisme
Selon l’OMS (organisation mondiale de la santé), le paludisme, appelé aussi malaria, a touché en 2019 près de 230 millions de personnes dans le monde et a provoqué 409 000 morts. Les zones tropicales d’Afrique sont particulièrement concernées. Quinze pays d’Afrique subsaharienne plus l’Inde concentrent à eux seuls plus de 80 % des cas de paludisme dans le monde.
Le Sénégal connait une nette régression de l’impact du paludisme sur les populations, qui a baissé de plus de 50% entre 2009 et 2015. Cela est dû au fait que :
- La prévalence parasitaire est passée de 3% à 1,2% et
- La mortalité toutes causes confondues de 72% de naissances vivantes à 33 ‰ chez les moins de 5 ans entre 2009 et 2014.
Ces résultats probants ont permis au Sénégal d’atteindre les objectifs de Roll Back Malaria (RBM) en 2015. Mais malgré cette amélioration, le paludisme demeure un problème de santé publique au Sénégal car les décès qui lui sont attribuables persistent.
1. Causes
Le paludisme est transmis à l’homme par les piqûres de moustiques anophèles femelles, moustiques surtout présents le soir et la nuit. Lorsque ces moustiques sont infectés et qu’ils piquent l’homme, ils transmettent un parasite appelé Plasmodium. Il peut également y avoir une contamination interhumaine dans le cas d’une mère enceinte qui le transmet à son enfant ou dans le cadre de transfusions sanguines. Il existe 4 sortes de Plasmodium, la plus fréquente et la plus grave étant le Plasmodium falciparum.
Au bout d’une semaine, le Plasmodium passe dans le sang et infecte des globules rouges. Il se multiplie par cycles de 3 à 4 jours et détruit à chaque cycle de nombreux globules infectés, ce qui provoque des « crises de paludisme » avec des fièvres fortes. Non traité, le paludisme atteint les reins et le foie, provoque des troubles neurologiques et peut conduire à la mort.
2. Symptômes
Huit à trente jours après l’infection, on voit apparaitre les premiers symptômes, parfois peu marqués comme :
- Fièvre
- Maux de tête
- Vomissements, diarrhées
- Douleurs musculaires
- Fatigue
Des cycles se mettent en place, avec épisodes aigus de fièvre, tremblements, transpiration abondante, sueurs froides, cycles correspondant aux destructions de globules rouges. Dans les cas graves, on assiste à des troubles de la conscience.
3. Diagnostic
Si les symptômes font penser au paludisme, on réalise un examen microscopique du sang. On utilise la technique du frottis de sang sur une lame ou, plus précisément la goutte épaisse (micro concentration du sang qui est de 20 à 30 fois plus sensible que le frottis). Il est aussi possible de réaliser dans certains laboratoires un autre examen, la PCR (Polymerase Chain Reaction).
Au Sénégal, les tests de diagnostic rapide (TDR) ont été introduits et rapidement mis à l’échelle depuis 2007 et aujourd’hui, le taux de confirmation des cas de paludisme au niveau des structures de santé a atteint 90%.
4. Traitement
On utilise des médicaments appelés antipaludiques, qui stoppent la multiplication des Plasmodium. Ces mêmes médicaments peuvent servir également dans le cadre de la prévention de la maladie, on appelle alors ce genre de traitement préventif une chimioprophylaxie.
La chloroquine a été longtemps utilisée mais les souches de Plasmodium lui sont maintenant résistantes. C’est pourquoi les médecins lui préfèrent aujourd’hui pour de nombreux pays l’association atovaquone-proquanil, la doxycycline ou la méfloquine.
DOXY 200 comprimés est un antibiotique, la doxycycline, utilisée dans le traitement des infections provoquées par des germes pathogènes sensibles, notamment pour le traitement et la prévention du paludisme.
Posologie pour les adultes, les enfants âgés de plus de 12 ans et les enfants de plus de 8 ans pesant plus de 45 kg :
- Traitement du paludisme : 200 mg par jour en 1 ou 2 prises à 12 h d’intervalle pendant au moins 7 jours. Il faut toujours associer un schizonticide à effet rapide.
- Prévention du paludisme, en cas d’intolérance ou de contre-indication à la méfloquine ou à la combinaison atovaquone/proguanil ainsi que pour les voyages de courte durée (< 4 mois) : 100 mg par jour. La prévention commence 1 à 2 jours avant le départ, elle continue pendant le séjour (moins de 4 mois) jusqu’à 4 semaines après avoir quitté la zone touchée par le paludisme.
Posologie pour les enfants âgées entre 8 et 12 ans et pesant moins de 45 kg, dans le cas où d’autres médicaments ne sont pas disponibles ou ne sont pas susceptibles d’être efficaces :
- Traitement du paludisme : 4 mg/kg (soit en une seule prise, soit en deux prises à 12 h d’intervalle) le premier jour, suivi par 2 mg/kg (en une seule prise ou en deux prises fractionnées) pendant 6 jours au moins. Il faut toujours associer un schizonticide à effet rapide.
- Prévention du paludisme : 2 mg/kg en une seule prise quotidienne. La prévention commence 1 à 2 jours avant le départ, elle continue pendant le séjour (moins de 4 mois) jusqu’à 4 semaines après avoir quitté la zone touchée par le paludisme.
Mode d’administration : les comprimés de DOXY 200 doivent être administrés tels quels avec un volume minimal de 100 ml (un demi-verre) de liquide. Après la prise, il faut attendre au moins 30 minutes avant de se coucher. Les comprimés peuvent également être mis en suspension dans environ 50 ml d’eau. En cas d’irritation gastrique, on recommande la prise de DOXY 200 au repas ou avec du lait.
5. Prévention
Elle est basée sur deux axes :
- La protection contre les piqûres de moustiques : utilisation de moustiquaires et de répulsifs anti-moustiques, port de vêtements longs, couvrants.
- La prise d’un traitement préventif (médicaments antipaludiques). L’utilisation de la plante entière Artemisia sous forme de gélules ou de tisane est inefficace comme prévention contre le paludisme et son usage est prohibé par l’OMS depuis 2012.
Un vaccin, le RTS,S/ASO1 (Mosquirix), existe aujourd’hui contre le paludisme. Il est recommandé par l’OMS en complément des médicaments antipaludéens et de la protection contre les piqûres de moustiques.
Au Sénégal, zone endémique palustre, la chimio prévention qui est d’une importance capitale et qui est obtenue grâce à l’utilisation de certains produits chimiques permettant d’éviter une infection se fait selon 3 axes :
Le traitement préventif intermittent (TPI) chez la femme enceinte :
Le traitement préventif intermittent (TPI) du paludisme pendant la grossesse se base sur l’hypothèse que toute femme qui habite une zone de forte transmission palustre a des parasites du paludisme dans le sang ou dans le placenta, qu’elle ait ou non des symptômes de paludisme.
Posologie de la SP (Sulfadoxine 500 mg + Pyriméthamine 25 mg) : doit être administrée à la femme enceinte en une seule dose (3 comprimés).
- L’administration se fera lors des consultations prénatales ou lors de tout autre contact avec la structure sanitaire pendant le 2ème et 3ème trimestre.
- 1ère dose : à partir de la 16ème semaine de la grossese ou dès perception des mouvements actifs du fœtus par la gestante.
- 2ème dose : au moins un mois après la première dose
- Des doses supplémentaires : administrées en respectant un intervalle d’au moins un mois entre deux doses.
La chimioprophylaxie chez le voyageur :
Le Sénégal à travers ses directives de prévention et de prise en charge du paludisme recommande l’administration de doses de médicaments :
- Aux sujets n’ayant jamais vécus dans une zone endémique,
- Et aux sujets ayant déjà vécu dans une zone endémique et qui viennent d’une zone non endémique après un séjour permanent de plus de deux ans.
Cette chimioprophylaxie est basée sur l’utilisation de plusieurs molécules dont la Doxycycline (Doxy 200) aux posologies suivantes :
- 100 mg par jour pour adulte et enfant de plus de 40kg.
- 50mg par jour pour enfant de moins de 40kg.
Contre-indications :
- Avant l’âge de 8 ans et
- Premier trimestre de la grossesse (elle expose l’enfant au risque de coloration des dents de lait).
La Chimioprévention du Paludisme Saisonnier (CPS) :
C’est l’administration mensuelle d’un traitement complet de Sulfadoxine – Pyriméthamine (SP = Maloxine)) + Amodiaquine selon des critères bien définis.
Conformément aux directives de l’OMS, au Sénégal les régions éligibles sont Kédougou (4 cycles), Kolda, Sédhiou et Tambacounda (3 cycles).
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